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LES SILÈNES
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dans une audience privée, des suites possibles de laquelle vous vous débarrasseriez ensuite dans un soi-disant voyage aux eaux…

Liddy (se redressant fièrement). — Malheureux versificateur tais-toi et cache-toi, avec ta lamentable existence, derrière le poêle ! (Ôtant une de ses épingles à cheveux). Avant qu’un seul de ces vauriens ne touche même ma main, cette épingle percera dix fois ma poitrine ! — Courage, mon cher oncle. Verrouillons la porte ! La plus faible est souvent la plus forte au moment du péril !

Le Baron. — Noble et héroïque enfant. (Elle verrouille la porte).

Liddy. — Portons la table devant la porte.

Le Baron. — Elle est trop lourde pour nous.

Liddy. — Je la porterai seule.

Le Baron. — Tu écrases ta poitrine contre cette table monstrueuse ! — Mon Dieu, où trouves-tu cette force ?

Liddy. — Prenez cette épée et donnez-moi votre couteau de chasse ! — Ah, la troupe s’approche.

(Le chevalier et ses acolytes livrent assaut à la porte et parviennent à l’ouvrir après plusieurs attaques. Liddy jette le couteau de chasse à la tête de l’un d’eux. La horde hésite une seconde. Peu après on entend la voix de Monroc. Des coups de pistolet. Les assaillants se sauvent. Monroc entre et ses serviteurs le suivent, entourant le chevalier qu’ils ont fait prisonnier).

Liddy. — Nous sommes sauvés. (Elle tombe, évanouie dans les bras de Monroc).

Monroc (au baron, en lui désignant Mort-aux-Rats). — Voici l’instigateur de cet attentat. (Tandis que deux serviteurs pénètrent, accompagnant Du Val.) Et celui-ci, que nous trouvâmes dans ces parages, faisant le gué, nous a avoué, tout comme