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LES SILÈNES

Le Maître d’École. — Le voici déjà ! Comme cela le picote dans le nez !

Le Diable. — Je flaire deux sortes de choses ici ! À gauche quelque chose d’impudique, qui empêche d’avoir des enfants, — à droite quelque chose de saoûl, qui s’occupe des enfants.

Le Maître d’École. — Pourvu que cette allusion ne me vise pas.

Le Diable (se dirigeant vers les condoms). — La chose impudique m’attire avec violence (Se tournant du côté du Maître d’École). Mais la chose saoûle ne m’attire pas moins. (S’arrêtant). Si seulement je pouvais savoir laquelle des deux est la plus immorale. (Il renifle plus fortement.)

Le Maître d’École (terrifié). — Oh sacrédié, ma conscience !

Le Diable. — J’ai trouvé : l’objet saoûl, s’occupant d’enfants et qui se trouve à ma droite est le pire des deux. La chose impudique, qui empêche d’avoir des enfants et se trouve à ma gauche, comparée à l’autre, n’est qu’innocence. (Il se dirige vivement du côté du Maître d’École).

Le Maître d’École (s’éloignant en décrivant des cercles). — Sapristi de sapristi, me voici dans une belle situation ! Je ne pouvais cependant penser être plus chargé de péchés qu’un condom ! D’ailleurs il ne peut s’agir là que d’une plaisanterie de la part du malicieux sieur Méphisto ! — Dieu merci, voici un morceau brisé d’une chaire d’église que j’ai dû empocher hier dans mon ivresse ! Je vais brandir cela devant lui et l’empêcher ainsi de m’approcher. (Il fait ce qu’il a dit.)

Le Diable (se rejetant brusquement en arrière). — Peuh ! l’objet saoûl s’est amélioré grâce à un morceau de chaire