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Le Maître d’École. — À l’époque où j’entrai à l’Université, et cela ne nous rajeunit pas, — j’avais quinze ans — j’ignorais tout des femmes ou peu s’en faut. Je me représentais vaguement l’amour sous la forme des scènes touchantes de Paul et Virginie dont j’avais eu entre les mains un exemplaire sans les gravures. Un de mes camarades, du diable si je me rappelle son nom ! Wolfgang ou Conrad, plus ouvert à ces sortes de choses que je ne l’étais moi-même, voulut me conduire un jour dans une brasserie où fréquentaient des femmes débauchées. Mais la timidité naturelle à mon âge me retint de l’y accompagner. Et comme mes besoins se faisaient sans cesse plus vivement sentir je ne tardai pas à contracter une de ces funestes habitudes que l’hygiène réprouve, mais qui n’en est pas moins propre à maintenir l’homme dans les lisières de la