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LES SILÈNES

choses et saura donc bien comment employer des condoms.

Tobies (entrant). — Bonsoir, Monsieur le Maître d’École.

Le Maître d’École. — Bonsoir, cher Tobies. (À part). Et, par tous les diables, comment me débarrasser du bonhomme ?

Tobies. — Eh bien, que devient mon petit Gottlieb ? Êtes-vous allé avec lui au château ?

Le Maître d’École. — Avez-vous appris, monsieur Tobies, qu’un dentiste est descendu à l’auberge il y a une heure et qu’il arrache les dents pour rien.

Tobies. — Ça m’est égal ! J’ai voyez-vous deux rangées de dents si saines que je pourrais aiguiser sur elles mes fourches à foin.

Le Maître d’École. — Qu’est-ce que cela fait ? On vous les arrachera pour rien. Il faut profiter d’une pareille occasion.

Tobies. — Oui, c’est juste ! Il ne faut dédaigner aucun petit profit. Je vais me rendre là-bas et me faire arracher toutes les molaires. (Il sort).

Le Maître d’École. — Oh ! sainte naïveté ! Douce ingénuité ! Tu as abandonné le luxe des villes et t’es réfugiée dans la cabane du paysan ! Tobies se laisse arracher les dents parce qu’on le lui fait pour rien. Ah, ah, ah ! (Il sort).