M. Ubu. — Ah çà, monsieur ou madame ma Conscience, vous faites bien du tapage. Répondez plutôt à cette question : ferai-je bien de tuer M. Achras, qui a osé venir m’insulter dans ma propre maison ?
La Conscience. — Monsieur, et ainsi de suite, il est indigne d’un homme civilisé de rendre le mal pourle bien. M. Achras vous a hébergé ; M. Achras vous a ouvert ses bras et sa collection de polyèdres ; M. Achras, et ainsi de suite, est un fort brave homme, bien inoffensif ; ce serait une lâcheté, et ainsi de suite, de tuer un pauvre vieux incapable de se défendre
M. Ubu. — Cornegidouille ! Monsieur ma Conscience. êtes-vous sûr qu’il ne puisse se défendre ?
La Conscience. — Absolument, monsieur ; aussi serait-il bien lâche de l’assassiner.
M. Ubu. — Merci, monsieur, nous n’avons plus besoin de vous. Nous tuerons M. Achras, puisqu’il n’y a pas de danger, et nous vous consulterons plus souvent, car vous savez donner de meilleurs conseils que nous ne l’aurions cru. Dans la valise !
(Il la renferme.)