passé. Je suis César il est vrai, non des hommes que je méprise et pour qui je ne veux user les courts moments de mon séjour terrestre, mais de l’Univers et de l’Absolu, car, grâce à cet oubli mon esclave, ce que je veux existe ou n’existe pas selon qu’il me plaît. La surabondance est le manque, ce pourquoi je m’abstrais du monde, et puisque tu concrètes l’Univers, je m’abats sur toi, eupire et vampire, mon sexe César possède en toi et allaite de son fleuve sacré toute la matérielle nature, et mon intelligence dévore ton intelligence. J’ai la tienne virtuelle en moi, mais le temps est cher, je la prends en sa déjà presque dernière concoction : on donnera à ceux qui ont, a dit le Christ qui m’a précédé, qui est moi-même parce que je suis son contraire, et à la place de qui je suis venu. Mon héraut l’a dit au Templier qui croyait à la binarité des principes. Moi et le Christ nous sommes Janus, et je n’ai point à me retourner pour montrer ma double face. L’être qui a de l’intelligence peut voir ces deux contraires simultanés, ces deux infinis qui coexistent et sans cela n’existeraient point, malgré l’erreur indéracinée des philosophes. Moi seul peux percevoir ces
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CÉSAR-ANTECHRIST