Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/202

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
196
CÉSAR-ANTECHRIST

ce que j’ai dit. Vous me fatiguez avec vos sornettes.

Le Jeune Bougrelas. — Je me soumets, monsieur mon père.

La Reine. — Enfin, Sire, êtes-vous toujours décidé à aller à cette revue ?

Le Roi. — Pourquoi non, Madame ?

La Reine. — Mais encore une fois ne l’ai-je pas vu en songe vous frappant de sa masse d’armes et vous jetant dans la Vistule, et un aigle comme celui qui figure dans les armes de Pologne lui plaçant la couronne sur la tête ?

Le Roi. — À qui ?

La Reine. — Au Père Ubu.

Le Roi. — Quelle folie ! Monsieur de Ubu est un fort bo gentilhomme, qui se ferait tirer à quatre chevaux pour mon service.

La Reine et Bougrelas. — Quelle erreur !

Le Roi. — Taisez-vous, jeune sagouin. Et vous, Madame, pour vous prouver combien je crains peu Monsieur Ubu, je vais aller à la revue comme je suis, sans arme et sans épée.

La Reine. — Fatale imprudence, je ne vous reverrai pas vivant.