Page:Jarry - Les Minutes de sable mémorial, 1932.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
164
CÉSAR-ANTECHRIST

vieille comme Ormutz et Ahriman. L’homme est la ligne d’écrasement entre nous deux, le plan nul où s’embrassent deux bulles de savon jumelées.

Le Christ d’Or. — César !

Le Christ d’Argent. — César !

César-Antechrist. — La mort est le ressaisissement concentré de la Pensée ; elle ne s’étoile plus infiniment vers le monde extérieur ; sa circonférence, nyctalope pupille, se rétrécit vers son centre ; c’est ainsi qu’elle devient Dieu, qu’elle commence d’être. La mort est l’égoïsme parfait et la véritable — … Mieux vaut qu’elle entraine d’autres morts vers la sienne, inverse d’un bâillement sympathique… Christ qui vins avant moi, je te contredis comme le retour du pendule en efface l’aller. Diastole et systole, nous sommes notre Repos. Primitif et primordial, tu promis aux esprits bruts non dégangués de la chair et de l’amour la Vie éternelle ; je leurs promets l’éternelle Mort qui crée la Vie comme le noir la lumière et le ressac des burins charrues l’imprimante crête des traits montagnes. On oppose le Néant à l’Être, puis par l’erreur croissant en mode d’avalanche, le Néant à la Vie. Voici les contraires : le Non-Être