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CÉSAR-ANTECHRIST

sol local renversés, pour les Antipodes nous nous érigeons debout.

Le Christ d’Or. — Symétrique au-dessous de mon grand méridien, César-Antechrist, tu n’es que mon reflet dans la banale vision humaine.

Voix sortant de la Croix. — Si je ne nais souverain égoïste, sadique et jaloux, le médiocre essaiera mon œuvre et ne t’enfoncera qu’au centre. Tu seras néant et n’auras point de sens ni de direction.

Le Christ de Bronze, de sa voix de glas. — César !

César-Antechrist. — Fourmilion sous la double voûte de mes pieds, nuages de l’ascension de ton sable, les littérateurs sans génie ni talent parlent de toi. En dehors d’eux, tu ne peux qu’être exprimé par leur verbe. Je suis le souverain miroir qui te réfléchit : tu me pénétres et c’est pourquoi je suis ton contraire. Et avec ma ruse perverse je te dis, te tenant renfermé en moi : c’est toi qui as mon contraire et qui me réfléchis. Je suis le souverain Mal, et tu es le Bien suprême. Que l’homme n’écarquille passes yeux, qu’abandonnent leurs crémastères ; la stupidité de ces théories est