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La porte s’ouvrit et « l’Indien » parut.

Quoique cette arrivée fût attendue, il y eut un instant de stupeur.

L’homme qui entrait était un bel athlète de taille ordinaire mais de proportions incomparables. Il était glabre — ou exactement rasé ou épilé, le menton court et fourchu. Ses cheveux, très noirs, drus et lisses, étaient plaqués en arrière. Sa poitrine était nue, découvrant un signe sous le sein gauche, et sa peau couleur de cuivre rouge, mais d’une teinte mate et comme poudrée. Il était drapé, sur une épaule et à la ceinture, d’une fourrure entière d’ours gris, dont la tête énorme pendait sur ses genoux. Dans ce baudrier rude étaient passés un calumet et un tomahawk. Il était guêtre et chaussé de houzeaux de mocassins en cuir jaune et souple, garnis de piquants de porc-épic. Il arriva qu’il