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La locomotive était tout contre lui et il n’en paraissait d’aucune manière incommodé. J’eus l’explication du prodige : la misérable brute ignorait sans doute l’arrivée par-derrière du grand rapide, autrement elle n’eût pas fait preuve d’un aussi beau sang-froid. La locomotive avait tamponné la bicyclette et la poussait maintenant par le garde-boue de la roue arrière ! Quant à la chaîne — car bien entendu le ridicule et insensé personnage n’eût point été capable de mouvoir ses jambes à de telles allures — la chaîne s’était rompue net au choc, et le Pédard pédalait avec jubilation à vide — sans nécessité d’ailleurs, la suppression de toute transmission lui constituant une excellente « roue libre » et même folle — et s’applaudissait de sa performance, qu’il attribuait sans aucun doute à ses capacités naturelles !