Page:Jarry - Le Surmâle, 1902.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ingénieuse, vira tout de travers à droite et partit sur le ballast droit devant lui, fuyant la locomotive. À ce moment précis l’éperon de la machine rattrapa sa roue d’arrière.

Pendant la seconde où il attendit l’écrabouillement, toute sa silhouette cocasse, jusqu’aux détails des rayons de sa bicyclette, resta photographiée dans ma rétine. Puis je fermai les yeux, ne désirant point compter ses dix mille morceaux.

Il portait lorgnon, n’était pas barbu si l’on veut, mais sali d’une barbe clairsemée et frisottée.

Il était vêtu d’une redingote et coiffé d’un chapeau haut de forme gris de poussière. La jambe droite de son pantalon était retroussée, comme s’il l’eût fait exprès afin d’avoir plus de chances de s’empêtrer dans sa chaîne ; et la jambe gauche serrée