Page:Jarry - Le Surmâle, 1902.djvu/126

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nos bielles se mirent à tourbillonner avec pas moins d’entrain qu’un chien enragé ne tournerait après sa queue s’il n’avait rien de mieux à mordre.

Cependant, la locomotive, brûlant ses wagons, se tenait toujours à même hauteur, donnant l’impression d’un grand calme auprès d’un geyser… Il semblait qu’elle ne portât d’autre être animé que miss Elson, laquelle suivait avec une curiosité surexcitée et peu explicable les contorsions, assez grotesques il est vrai, de notre ombre dans l’éloignement. William Elson, Arthur Gough et les mécaniciens ne bougeaient pas. Nous autres, à la file sous le jet de clarté blême de notre fanal et si aplatis dans nos masques qu’à peine étions-nous caressés du grand ouragan créé par notre vitesse, nous revivions, je pense, à en juger par mes sentiments personnels, les