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glace à l’autre, son wagon. Quelque chose intercepta le coup-d’œil que je voulais jeter dans l’intérieur du wagon de miss Elson. La première fenêtre du long compartiment d’acajou, la seule qui fut à ma portée, était obstruée, à ma grande stupéfaction, à l’extérieur, par un épais capitonnage écarlate. On eût dit que des champignons sanglants, dans l’espace de cette nuit-là, avaient crû sur la vitre…

Il faisait grand jour maintenant, je ne pus douter de ce que je vis : tout ce que j’apercevais du wagon disparaissait sous des roses rouges, énormes, épanouies, fraîches comme si elles venaient d’être cueillies. Le parfum s’en diffusait dans l’air calme, à l’abri du coupe-vent.

Quand la jeune fille baissa la glace, une partie du rideau de fleurs se déchira, mais elles ne tombèrent point tout de suite :