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miers et des plus beaux sonnets publiés par Samain (Scapin, 1885), le Sphinx de pierre qui semble se redresser sur ses pattes


Afin de retourner dans son éternité.


Le retour aux contrées d’avant et d’au-delà toutes choses, et qu’il eût aimé concevoir sans doute comme un brumeux pays des Cimmériens, Champs-Élysées digne de son amoureux Polyphème, une Thulé ultime où s’entr’ouvent des fleurs de brouillard, telle fut la mort qu’eut choisie Albert Samain, et qui ne lui fut point ennemie, passage du Styx doux comme un soir vénitien :


Oh ! Écoute la symphonie ;
Rien n’est doux comme une agonie
Dans la musique indéfinie
Qu’exhale un lointain vaporeux ;

D’une langueur la nuit s’enivre,
Et notre cœur qu’elle délivre
Du monotone effort de vivre
Se meurt d’un trépas langoureux…

Au Jardin de l’Infante, Musique sur l’eau, p. 16.