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imaginé un fantôme singulier, une femme spectre qui n’est ni l’existence ni le tombeau, Vie-en-la-mort. Un sentiment analogue et complexe donne un peu du secret de la poésie de Samain. Loin de franchir avec désespérance la porte du jardin magique, c’est avec une curiosité avide et joyeuse que, tel qu’Edgar Poe, il se dispose à respirer, dans l’inquiétant enclos, l’encens des roses assoupies.

Un encens qui n’est autre chose qu’une brise parfumée


D’une essence ravie aux vieillesses des roses,


selon cette autre épigraphe du Jardin, cueillie dans Stéphane Mallarmé, un encens, telle fut la « robe de parade » où se complut l’âme du poète, suraigüe et douloureuse, et qui devait percevoir tous les touchers, toutes les caresses et tous les heurts comme avec une sensibilité extériorisée, frémissante, alanguie et diminuée ainsi qu’une rime féminine.