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MOISSON DE SOUVENIRS

une maison plus considérable à Maricourt, elles décidèrent de ne pas rebâtir. Nous irions donc, désormais à Maricourt, où le prix de la pension était un peu plus élevé. Cette décision me causa une impression extraordinaire : j’en fus secouée, réveillée. Deux autres perspectives contribuaient aussi à me tenir en suspens : Thérèse avait fini son cours, je ne la verrais plus, dix mois durant et puis, l’année ne se terminerait pas, que je n’eusse communié. Aussi, passais-je mon temps à implorer : « Mon Dieu, que je fasse une bonne première communion ! » avec la terreur du sacrilège, surtout depuis mes derniers mois de manquements.

Thérèse, cœur tendre, ne pouvait se résoudre à appartenir désormais au monde et elle finit par se déclarer en pleurant. On se moqua fort, mais elle persista dans sa résolution et obtint de retourner au pensionnat un an encore, pour y continuer la littérature, la musique et les travaux d’aiguille. Et de cela, sans qu’on eût l’idée de s’en douter, moi, j’étais follement heureuse.