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ENFANCE

inscrivait une mauvaise note d’ordre pour Marcelle Sablé. Ensuite, quand il m’arrivait de mal dormir, je rêvais que je cherchais inutilement mon voile, ce qui faisait ricaner le petit homme jaune.

Bientôt le soleil prit de la force, la neige fondit, ce fut Pâques, puis mai et le mois de Marie, chaque soir, à l’église, au lieu de la prière à la chapelle, puis juin ; on parla de la distribution des prix et j’en reçus un tel coup de fouet qu’on nota une amélioration sensible chez moi. Aussi, vers la fin du mois, nos grands-parents, oncle Ambroise et famille présents, je reçus deux minces petits livres rouge et or. Gravement, je fis la révérence à tante Hermine qui me les remettait et le soir, nous étions en route pour Lowell.

Ma neuvième année rappela, à peu de chose près, ma huitième. Ma nonchalance s’accrut encore, surtout à partir de janvier et même, entraînée par de mauvais exemples, je m’appliquai à mal faire : à la paresse, je joignis la désobéissance, autant que le permettait ma timidité, je murmurai quand on me reprit et si mes modèles étaient punis, je souriais vilainement. À la Lecture des notes et même au parloir, vis-à-vis de grand’mère, je m’efforçais de garder un air cynique. Qu’est-ce que cela voulait donc dire ? Le diable qui me travaillait, sans doute. On avait d’abord parlé de me faire faire ma première communion, quoique je n’eusse pas dix ans, mais finalement, à cause de mon inconduite, je suppose, on résolut d’attendre.

Vers la fin des vacances, une nouvelle nous parvint en coup de foudre : le couvent de Saint-Claude était brûlé. Comme nos religieuses possédaient