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ENFANCE

Oh ! oui, c’était bien cela, j’en arrivais de dehors : il y faisait froid et pur. Je n’aurais pu le dire, mais je le savais.

Le Canada reprend son manteau
Son manteau de neige

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

La bise chante dans les bois
L’hiver fait entendre sa voix

Il y faisait sombre aussi, à cette heure, et l’hiver entourait la maison. Pour venir ici, nous avions traversé le petit bois où rôdait la bise qui chante sur les buissons dénudés. Et le cheval avait si allègrement trotté en secouant ses grelots.

Coursiers fidèles,
Prenez des ailes,
Doublez le pas,
On nous attend

Là-bas !

J’ai retrouvé la chanson depuis, mais la dernière strophe m’a toujours manqué. Je sais qu’à un tournant de route, à la campagne, je voyais une maison basse, enneigée, avec des fenêtres rougeoyantes et que j’avais hâte de réchauffer mes membres transis. Jean avait chanté :

L’amour attend au détour du chemin

Et c’est tout ce que je puis me rappeler. Il se peut, aussi, que je mêle mes impressions d’après, à celles de mes huit ans. Et quand ce serait ?

Ce chant fut si goûté, qu’à la demande de grand’mère, — la reine — on le reprit. Et quand je