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MOISSON DE SOUVENIRS

accusés, perdaient légèrement à être vus de face. De côté, elle présentait un profil de médaille et comme la chevelure blond foncé de Roseline, ses cheveux d’un noir mat, ondulaient. Enfin, si Thérèse, disait-on, avait été un peu plus grande, on aurait cru voir grand’mère revenue à sa jeunesse.


III


Nous devions, cette année, passer nos courtes vacances d’hiver à Saint-Claude et il était entendu que grand’mère nous recevait. Pour moi, ce serait le premier Jour de l’an loin de ma famille, loin de papa, de maman et j’étais bien petite. Mais Jean aussi viendrait chez grand’mère, on me l’avait dit et peu à peu, le souvenir de la Toussaint précédente me remplissait de hâte. Noël était passé. Quand donc serait-ce congé ? Quand donc les vacances arriveraient-elles ? Elles arrivèrent un beau matin, et les petites filles, joyeuses, quittèrent le couvent les unes après les autres. Dans le courant de l’après-midi, ce fut notre tour et en nous entendant appeler, Thérèse vint me prendre par la main et très affectueusement, en un langage enfantin que j’ai conservé dans l’oreille, elle me recommanda plusieurs choses fort sages : de me bien tenir, d’être polie, discrète et surtout, de ne pas faire ma petite gênée et de répondre si on m’adressait la parole.

Le traîneau choisi par grand-père était très commode, car il possédait deux sièges dont les dossiers se touchaient. Je m’assis avec Amanda sur celui d’arrière et grand-père nous enveloppa chaudement, toutes deux, dans la robe de carriole et j’éprouvais