Page:Jarret - Moisson de souvenirs, 1919.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.
111
ADOLESCENCE

viril aussi. En somme, un enfant très gentil et surtout, largement pourvu de cette bonté douce, un des charmes de son père. Il était déjà raisonnable comme un petit homme et le ton dont grand’mère avait dit : « Que viens-tu faire ? » ayant modifié mes projets premiers, je demandai un crayon avec un bout de papier sur lequel j’écrivis à Gonzague, le priant de partir par le premier train, si la chose ne le dérangeait pas. Ma valise était toute prête. Camille ayant promis de remettre le billet à « cousin », dès que celui-ci entrerait, je m’acheminai vers le couvent, tourmentée et toujours malheureuse.

Après des adieux d’automate, je descendais le grand escalier du parloir, à côté de mon frère qui me conseillait de presser le pas. Comme mère Saint-Blaise avait été maîtresse d’elle-même ! et bonne, on ne pouvait dire autrement. Je regrettais maintenant de n’être pas restée chez parrain : j’aurais vu Jean. Il était trop tard. On ne revient pas sur ce qui est fait. Et l’âme à la dérive, je me laissai emporter par le train.