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XX

CONCLUSION

L’été s’en va et pour Bernadette c’est grave car son mariage a été fixé à la fin d’octobre et chaque semaine qui s’écoule lui donne l’illusion de faire un grand pas dans la vie.

Depuis juin, Jules est à Chambly, chez le notaire Lafontaine qui l’initie et le prépare à recueillir sa succession. Chaque mercredi, Bernadette reçoit de lui une longue lettre ; elle y répond et le dimanche le jeune homme se présente lui-même à elle. Bernadette ne craint plus de l’attendre ostensiblement ni de revêtir, pour la circonstance l’une ou l’autre de ses plus jolies robes. Celle de la tante Astérie a maintenant des rivales : en organdi, en voile uni ou à dessin, en crêpe soyeux, elles ont toutes pris formes sous les doigts industrieux de leur propriétaire et c’est l’argent de Wilfrid qui les a amenées du magasin ici.

Lorsque Donat que chaque dimanche ramène également, n’est pas trop occupé à contempler son idole reconquise, c’est Bernadette qu’il enveloppe d’un regard étonné. Il ne cese pas de dire : — « En voilà une qui a changé en coup de fouet. On jurerait que ce n’est pas la même. »

Jules ne manque jamais d’apporter à sa fiancée des nouvelles de Mme Beauchemin qu’il voit quotidiennement. La vieille dame a grand’hâte à l’événement capital lequel en donnant à la vie de Bernadette une orientation nouvelle, fixera à Chambly tout près d’elle sa petite protégée d’hier. Elle a maintes fois recons-