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Et tu n’as pas le droit de dire non parce qu’il s’agit de lui, de ton cher petit malade ». Las ! ne l’avais-je pas cherché ? Marie-Anne était faible, trahie à tout moment par ses nerfs. Pourquoi l’attendrir ? Elle éclata en sanglots sous les yeux étonnés des enfants, serrant son bébé dans ses bras, le couvrant de baisers insensés, et elle disait : « Je ne veux pas qu’il meure ! Je le soignerai mieux à présent. Mourir ?… Non, non, c’est impossible, cela me fait peur !… Mon plus petit ! »

Je tins amplement ma promesse ; vive et infatigable comme je suis, la besogne ne me pesait pas lourd. Je fis même du surplus, et en premier lieu, ce fameux, cet incomparable nettoyage que je ne puis me rappeler sans lever un peu la tête, comme les orateurs quand ils sont crânes. Toute la maison y passa, pièce par pièce, et les enfants m’aidèrent. Ceci, je voulus le dire à Francis qui me rit au nez, car le plus vieux n’a pas ses cinq ans, mais je ne m’affectai de rien ; je sais, moi, que l’on peut des prodiges quand on aime, et j’avais fait la conquête des enfants. Je rentrai aussi les fleurs que la gelée tuait : cela me fit rire de tasser avec mes doigts la terre autour des bou-