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CONTES D’HIER

était incroyable, et je songeais que depuis longtemps Noël ne s’était présenté à nous avec autant de clémence.

Avec ma tante Julie revenue de l’église, je pris le réveillon, un petit réveillon très sage : du pain, du beurre, des gâteaux secs, toutes choses légères pour l’estomac, et du chocolat chaud aussi. Tante aurait voulu que je me couche dans mon lit, mais je n’ai pas cédé. — « Reposez-vous vous-même, lui ai-je dit. Dans quelques heures, il me faudra assister à la messe, et au retour, si je me sens lasse, je suivrai votre conseil ». Alors, je me suis nichée dans le grand fauteuil, où j’ai reposé mieux qu’une reine. En tout, maman m’a appelée trois pauvres petites fois.

J’allai entendre la première messe à St-Louis : une poignée d’assistants, et moi seule de jeune. En m’en revenant, je regardais les hautes maisons silencieuses, avec leurs portes closes et leurs fenêtres habillées de riches rideaux. J’essayais de pénétrer leur secret, et il me semblait qu’un parfum de fête continuait de flotter autour des pierres grises. La journée s’annonçait froide et