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UN BEAU SOIR D’ÉTÉ

Mlle Aimée, ainsi qu’un mur tombé. À intervalles presque réguliers, la brise se levait comme un souffle, et les arbres soupiraient et se balançaient mollement, à moitié endormis.

L’heure passa. Les voisins se turent et rentrèrent. Des bruits de porte qu’on verrouille, des jalousies qu’on ferme, éclatèrent dans la nuit. Mlle Aimée rêvait pleinement. Bientôt l’horloge sonna douze coups : elle entendit et eut de grands yeux étonnés. En poussant la porte pour entrer, elle aperçut la lune qui regardait par la fenêtre. Cela la troubla et lui fit perdre la tête, et elle dit tout haut, avec un drôle de rire ému : « De beaux soirs de paix comme celui-ci, cela fait du bien à l’âme. Cela change les idées… » Elle monta trois marches d’escalier, puis elle toussa, et se retournant vers les chaises raides qui se profilaient dans la lumière grise, elle répéta d’un air sévère, comme si elles eussent protesté : « Je vous dis que cela change les idées ! »