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CONTES D’HIER

de grand-père, qu’on irait visiter au Jour de l’an et qui donnerait des étrennes. Qu’est-ce que Jeannine voulait pour ses étrennes ? Madame Challau, à genoux, unissait ses efforts à ceux de sa maîtresse pour calmer cette grosse peine. En vain ! Les larmes coulaient toujours en abondance, tout le petit corps de l’enfant était secoué par les sanglots, ses mains brûlaient.

— Allons, fit la bonne dame en se levant, elle a l’âme encore plus fragile que le reste. Je la connais, si on ne lui ôte son chagrin, elle en fera une maladie : qu’elle y aille donc !…

Alors, sur le seuil de la vaste cuisine claire, un autre personnage se montra, qui promena ses yeux chercheurs, un peu partout : c’était Loulou, le frère de Jeannine, un gros petit garçon de trois ans, pas joli, robuste, et le plus gentil du monde. Et il dit, Loulou, après son examen, avec de graves hochements de tête qui aidaient les paroles embarrassées :

— Dame Challau, mais faut faire les beignes tout de suite, parce que, après souper, Loulou a toujours besoin d’un dodo. Et il voudrait les faire avec toi, et Nine aussi ! On rit, madame