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APRÈS LA FAUTE

core son tour de reconnaissance avant de fermer les portes, elle aperçut une ombre qui se détachait de l’arbre le plus proche, s’avançant à sa rencontre. Toute saisie, elle resta là, à attendre.

— Bonsoir la Louise ! dit l’homme. Est-ce que vous ne me reconnaissez pas ?

Elle le reconnut si bien, que se couvrant les yeux de son bras replié, elle se mit à pleurer. Lui qui était dur, refoula son émotion, et dit seulement :

— Faites-vous pas un chagrin de la sorte. C’est pas joli… Il s’en présentera d’autres. S’il y en a un parmi que vous ne haïssiez pas trop, un bon garçon, prenez-le et ce sera fini. Je m’étais promis de ne plus passer par ici, mais ce soir ç’a été plus fort que moi. Je ne voulais par m’arrêter, non plus, et me voilà quand même. Je voulais vous dire encore une fois bonsoir, la Louise…

Elle essuya ses yeux du coin de son tablier, et à travers ses sanglots, demanda :

— C’était donc que vous l’aimiez ?

— Non… J’avais surtout besoin de me venger… Ah misère ! Je vous ai dit que j’avais le sang vif. Et puis, j’ai été surpris de la trouver si douce…