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VEILLE DE NOËL

Avec un grand soupir, elle ouvrit les yeux.

— Enfin ! s’écria sa tante, j’ai cru que tu ne t’éveillerais jamais. Mais c’est du cauchemar que tu faisais là, petite… Berthe eut un second soupir et regarda sa tante de tous ses yeux.

— Mais, qu’as-tu à me regarder ainsi ? Tiens, pour te réveiller, je vais te raconter une histoire. Imagine-toi que Hubert Dion est venu pendant que tu dormais. C’est ta tante Louise qui t’invitait à réveillonner. Mais moi, j’ai changé le programme. J’ai dit à Hubert : « Ma maison est déjà assez déserte, sans que vous m’enleviez encore une de mes enfants. Accompagnez-nous plutôt au Gésu et vous resterez vous-même à réveillonner. Nous n’aurons d’invitées que les vieilles cousines Charlebois. Quand elles parleront de s’en retourner, vous irez les reconduire en bon garçon que vous êtes, et si le cœur vous en dit vous pourrez bien coucher là. Comme elles dormiront tranquilles, se sachant sous la protection d’un homme ! »

Il n’a pas dit non, tu sais, mais il a souri pour me montrer qu’il a de belles dents. Depuis une heure qu’il est revenu et se morfond à guetter ton