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CONTES D’HIER

justement, Berthe n’était pas bien, une forte migraine depuis le matin. Elle reposait en ce moment, et même si elle se réveillait guérie, Mme  Baril ne lui permettrait jamais d’aller se fatiguer là-bas. C’était raisonnable, n’est-ce pas ? — « Vous me permettrez bien, ajouta-t-elle, de fermer la porte, je crains que le bruit de nos voix ne l’éveill ». Et Berthe n’entendit plus rien.

Stupéfaite et irritée, elle se demande ce que signifie ce manège ? Sa tante la croit-elle réellement endormie ? Alors, elle sait bien qu’elle se réveillera tout à fait remise : une migraine ne dure pas éternellement. Il ne serait pas prudent de la laisser se rendre là-bas ? Mais pourquoi, grand Dieu ? Prévenue de sa passagère indisposition, sa tante du Boulevard serait aux petits soins avec elle. Et dans tous les cas, pourquoi ce ton sec et cette précaution de fermer la porte ? Est-ce… En vérité, il n’y avait pas moyen de penser autre chose… Mais jamais pareille supposition n’était venue à Berthe. Sa tante craindrait-elle que la toute simple amitié qui l’unissait à Hubert se changeât en un sentiment plus sérieux ?