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ROBERTE

à quoi bon ? Il ne viendra pas, j’en suis sûre maintenant. Après tout, il ne s’est pas engagé par serment, il est bien libre, cet homme. C’est nous qui sommes très drôles de le guetter avec cette insistance. Allons, bonne-maman, suivez mon conseil et allez vous reposer.

— Ma petite, il ne faut pas s’impatienter ainsi. Attendons jusqu’à la demie, au moins. On ne sait pas ce qui peut le retarder. Un empêchement subit. Une visite qui vous arrive tout à coup. D’ailleurs, je n’ai plus sommeil, c’est bien fini maintenant. Et puis, écoute-moi donc, Roberte, s’il fallait qu’il arrive alors que je serais couchée, et qu’on l’apprendrait, qu’est-ce qu’on dirait ?

Une même expression d’effroi passa sur leurs deux visages. Mon Dieu ! oui, qu’est-ce qu’on dirait en apprenant que René Laferté, le prétendant de Roberte est venu, alors que la grand’mère était au lit, et la petite bonne même, absente pour la nuit, à soigner sa mère malade ? Ce serait un scandale à ne pouvoir jamais s’en relever. Après les moqueries, les petites insinuations, les petits coups de langue, les grosses calomnies qui font