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De pareilles statistiques, avec leurs moyennes, sont fort approximatives ; mais celle-ci acquiert un assez grand degré de vraisemblance, si on la rapproche des statistiques sur les profits dans les sociétés par actions allemandes.

D’après un travail fait par M. Van den Borght, sur 243-254 établissements industriels existant en Allemagne pendant les cinq années 1881 à 1885, les quatre cinquièmes seulement ont fait des bénéfices et ont distribué des dividendes, qui sur l’ensemble de leur capital sont montés à 3,44 p. 100 en 1881, à 4,22 p. 100 en 1882, à 5,01 p. 100 en 1883, à 4,80 p. 100 en 1884, à 4,37 p. 100 en 1885[1].

Les bénéfices industriels, sous le régime de la production en grand et de la machine, loin de sucer comme un vampire le travail vivant, ainsi que le prétend Karl Marx, sont donc si peu élevés dans l’ensemble qu’à eux seuls ils ne fourniraient pas un aliment suffisant à la formation continue des capitaux qui se produit à notre époque. Une grande partie de ces capitaux sont formés par les économies que réalisent sur leurs salaires les ouvriers, les employés, les artisans, les domestiques, les gens voués aux professions libérales qui sont eux aussi des salariés (chap. i, § 13).

Assurément, il y a des chemins de fer, des filatures, des mines, qui donnent de gros dividendes à leurs actionnaires. Dans le tableau relatif aux 254 sociétés anonymes allemandes que nous avons sous les yeux, 25 environ ont distribué un dividende supérieur à 10 p. 100 et une soixantaine ont varié entre le 5 et le 10 p. 100 ; mais, par compensation, 76 établissements ont distribué moins de 1 p. 100 et 25 moins de 2 p. 100. Il faut bien qu’il y ait des chances favorables dans l’industrie pour que des capitalistes consentent à courir les chances contraires. S’il n’y avait que des pertes ou seulement des profits aussi peu élevés que la moyenne rapportée plus haut, personne ne constituerait de nouveaux capitaux pour remplacer

  1. Analysé par M. Maurice Block dans l’Economiste français du 19 mars 1888