Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/617

Cette page n’a pas encore été corrigée

et indéfiniment l’or aux hôtels des monnaies ; car M. Walras reconnaît que l’or seul peut être le dénominateur de la valeur ;

3° L’Office international distinguera parmi les variations des prix celles qui sont le résultat des marées économiques, et il laissera se développer les cycles du crédit et se produire les crises qui rectifient les excès de la spéculation commerciale, sans intervenir ; mais il devra neutraliser les variations de prix provenant d’une augmentation ou d’une diminution de la production de l’or ou d’un changement général dans les conditions de la production de toutes les marchandises, de manière que la richesse sociale soit toujours exprimée par les mêmes prix. Pour cela, l’Office fera émettre, par les hôtels de monnaie des différents États associés, une quantité déterminée de pièces d’argent, circulant avec pleine valeur libératoire comme l’or, quand il faudra faire hausser les prix, ou bien il en retirera une certaine quantité, quand il faudra faire baisser les prix. Le rapport de valeur de l’argent monnayé à l’or sera établi à un taux assez élevé au-dessus du prix de l’argent sur le marché pour que les bénéfices réalisés par les émissions d’argent couvrent plus tard les frais du retrait, quand il faudra y procéder. On aura donc comme base du système monétaire l’étalon d’or avec billon régulateur d’argent ;

4° Enfin, comme le but à atteindre est que la somme des instruments d’échange soit toujours la même ou ne varie qu’avec l’extension des besoins de la circulation, les émissions de billets de banque seront strictement limitées dans chaque État ou ne pourront avoir lieu qu’en représentation des métaux réellement déposés.

Tel est, sommairement esquissé, le travail de M. Walras. C’est, assurément, un des plus grands efforts scientifiques de l’époque. Homme de science et de bonne foi avant tout, M. Walras montre tous les dangers d’une reprise pure et simple du monnayage de l’argent, et son œuvre n’a rien de commun avec les tentatives des diplomates, des banquiers et des politiciens dont nous avons parlé plus haut. Toutefois, sur les sommets de la théorie où il se place, il a rencontré des contradicteurs fort autorisés, M. Cheysson et M. Juglar, à la Société de statistique, M. Adolphe Coste, le sagace auteur des Questions sociales contemporaines, M. Luigi Ridolfi, dans la Rassegna di scienze sociali e politiche (n° du 1er mars 1887).

Sans parler des obstacles à cette entente internationale universelle dont chacun peut se faire une idée, ni revenir sur les difficultés de la statistique des prix dans un but juridique, voici, selon nous, les raisons qui empêcheraient le billon régulateur de produire la stabilité économique qu’en attend son auteur :

1° A défaut de billets de banque, les lettres de change, les chèques avec comptes courants et compensations en banque enfleraient la