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Sera-ce pour le plus grand bonheur du peuple chinois[1] ? Là n’est pas la question : mais un vaste débouché s’ouvrira au métal blanc et tous les rapports commerciaux dans l’extrême Orient s’en ressentiront à la longue.

XV. — Les deux grands mouvements de hausse, puis de baisse des prix, qui se sont succédé dans les quarante dernières années ont provoqué des travaux qui, quoique étant encore du domaine de la théorie pure, n’en ont pas moins un grand intérêt scientifique. Leur objet est de déterminer une mesure plus fixe de la valeur que l’or et l’argent pris séparément ou conjointement, de trouver une commune mesure entre la monnaie et les marchandises qu’elle sert à évaluer. C’est la quadrature du cercle en économie politique ; mais on peut essayer de la méthode d’approximation.

Adam Smith et J.-B. Say avaient indiqué, le premier, le prix du blé, le second la journée de travail du manouvrier comme pouvant rendre compte de la puissance d’acquisition de la monnaie aux diverses époques. Même pour des appréciations purement historiques, cette donnée est insuffisante ; car la consommation du blé varie suivant les pays et les temps, et la condition économique du manouvrier n’est pas toujours identique. Plus tard, des économistes anglais J. Lowe, Scrope et Stanley Jevons, ont proposé l’établissement d’un étalon multiple des valeurs résultant de la puissance d’acquisition de la monnaie par rapport à un certain nombre de marchandises. On en choisirait une centaine ou davantage, indépendantes l’une de l’autre autant que possible. Une commission officielle en relèverait les prix d’après les mercuriales des marchés régulateurs. A la fin de chaque année ou de toute autre période, elle établirait sur les moyennes de ces prix, en tenant compte des quantités vendues, la puissance d’acquisition de la monnaie à l’égard de chacune d’elles, en la comparant à un prix primitif pris pour norme. Puis elle déduirait de ces cent chiffres la variation que la puissance générale d’acquisition de la monnaie aurait éprouvée.

Le professeur Marshall, de Cambridge, dans le numéro de mars 1887 de la Contemporary Review, a repris cette idée en développant

    7 mai 1887. V. encore l’article d’un Chinois préconisant le monnayage de l’argent pour la Chine reproduit par l’Economiste français du 8 août 1891.

  1. L’introduction dans l’intérieur de la Chine d’une monnaie d’argent provoquerait inévitablement une hausse des prix. Actuellement toutes les transactions se règlent en fait en sapèques et en monnaie de compte. Dans le Nord de la Chine, un ouvrier gagne par jour 120 sapèques, soit 0,20 centimes et peut, avec cela, vivre fort bien, même faire des économies. Les prix des subsistances sont en proportion. V. sur ces prix, dans la Réforme sociale du 16 janvier 1892, l’article intitulé : Une trappe en Chine, et, dans les Annales des Mines de 1891, les Salines et les puits de la province de Se Tchuan.