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annuelle de l’or a été en diminuant au moins jusqu’en 1885, tandis que celle de l’argent augmentait. Voici, d’après les travaux de M. Soetbeer, l’éminent statisticien allemand, et les rapports successifs de la direction de la monnaie de Washington, les moyennes annuelles de la production des métaux précieux dans le monde :


Périodes
quinquennales
OR
quantités
en kilog.
OR
valeur
en francs
ARGENT
quantités
en kilog.
ARGENT
valeur
en francs[1]
1851-1855 199 388 687 000 000 886 115 197 900 000
1856-1860 201 750 695 000 000 904 990 203 400 000
1861-1865 185 057 637 600 000 1 101 150 246 100 000
1866-1870 195 026 671 900 000 1 339 085 296 000 000
1871-1875 173 904 599 200 000 1 969 425 425 500 000
1876-1880 172 414 594 000 000 2 450 252 471 700 000
1881-1885 149 137 513 700 000 2 861 700 529 400 000
1885-1890 174 472 599 648 000 3 425 187 577 000 000

Ces chiffres présentent une certitude assez grande ; car presque toutes les mines sont possédées par des compagnies, qui publient régulièrement les comptes rendus de leur exploitation.

Il est beaucoup plus difficile de fixer les quantités absorbées par les emplois industriels. M. Soetbeer estime que 84.000 kilogrammes d’or, soit plus de 300 millions par an, sans compter les vieilles matières, sont employés en parures et usages divers. M. Kimball, de la Monnaie des États-Unis, réduit cette évaluation à 150 millions de francs[2]. Ce qui est certain, c’est que la consommation industrielle de l’or s’accroît plus rapidement que celle de l’argent. Celle-ci est de 471 à 500.000 kilogrammes, ce qui, eu égard à l’augmentation des quantités extraites, est insuffisant pour en maintenir le prix.

L’exportation nette de l’or dans l’Inde est importante et va en croissant : en 1881, elle était de 89 millions de francs ; en 1884, elle est montée à 133 millions et depuis elle a continué au moins sur ce pied ; car le goût pour les parures d’or se répand de plus en plus dans les populations indoues. Il ne reste donc pour couvrir l’usure des espèces en circulation et satisfaire aux nouveaux besoins de monnaie d’or de tous les pays civilisés qu’une valeur de 90 à 240 millions, suivant l’estimation qu’on fait de la consommation industrielle de l’or. Qu’on admette le chiffre de 240 millions, qui nous paraît le plus vraisemblable, c’est encore peu pour l’Europe. En effet, l’Australie a besoin d’une certaine quantité d’or pour sa circulation et les États-Unis ont augmenté

  1. La valeur de l’argent a été calculée dans ces tableaux en tenant compte pour les dernières périodes de sa dépréciation par rapport à l’or.
  2. Rien n’est plus incertain, d’après M. de Foville, que les conjectures relatives à la consommation industrielle des métaux précieux.