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scientifique, qui a toujours fait son devoir avec fermeté et clairvoyance dans les périodes dangereuses pour l’épargne publique. Ceux qui l’ont lue et qui ont écouté ses avertissements au milieu des entraînements de l’Union générale, des réclames du Panama, de la spéculation sur les métaux, de l’engouement pour les valeurs argentines sont demeurés indemnes.

XIV. — Mais les connaissances économiques ne doivent pas servir uniquement à la défense des intérêts privés. Les honnêtes gens peuvent et doivent les utiliser pour faire eux-mêmes des affaires judicieusement conçues et sagement conduites.

Le groupement des hommes, qui ont les mêmes principes moraux, pour le ménagement de leurs intérêts matériels, est une chose parfaitement légitime. Les conditions particulières du temps présent la rendent même nécessaire. Tous les hommes pratiques le reconnaissent pour les œuvres économiques intéressant les classes inférieures de la société. Les États-Unis et l’Allemagne nous en offrent des modèles remarquables[1].

Pourquoi n’en serait il pas de même à un niveau supérieur ?Pourquoi la puissance de la banque ne serait-elle pas aux mains des honnêtes gens et des patriotes sincères ?

Ne serait-elle pas aussi féconde en résultats sociaux que l’exercice de la grande industrie par des hommes à la fois capables et dévoués aux devoirs du patronage ? Sans doute, il ne faudrait pas s’attendre à des bénéfices fantastiques ; mais des affaires de banque et de finance conduites selon les principes de la morale et sur les données scientifiques ne peuvent manquer de donner des profits proportionnés aux services rendus. [fin page568-569]

  1. V. le Socialisme d’Etat et la Réforme sociale (2e édit.), chap. iii :les Associations rurales en Allemagne, et chap. iv :l’Association des honnêtes gens sur le terrain des affaires. V. aussi les Etats-Unis contemporains (4e édition), t II, p. 375. En Autriche, les antisémites, après une agitation, qui a été stérile et souvent dangereuse, paraissent être entrés dans une voie plus judicieuse en fondant des sociétés coopératives, des assurances mutuelles, des unions de consommateurs et de producteurs chrétiens. (V. l’Association catholique du 15 juin 1891.) C’est une tentative intéressante à suivre.