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hors de proportion avec les besoins de la circulation, en second lieu en pesant sur elle pour qu’elle continuât à escompter et à faire des avances sur titres au moyen de ses billets au 4 p. 100, alors que la mauvaise situation du change international indiquait la nécessité d’un taux plus élevé.

Law formulait l’erreur fondamentale en matière de finances, quand il disait au Régent : « C’est à l’État à donner le crédit et non à le recevoir. » La vérité est que l’État a tout le premier à recevoir le crédit de la Banque nationale, que cette Banque reçoit elle-même son crédit du public et que c’est en lui donnant assez d’indépendance vis-à-vis de l’État que les inconvénients du privilège peuvent être neutralisés.

XIII. — La pratique de la coopération et de la mutualité à tous ses degrés exige la diffusion des notions économiques dans la nation. Les chefs de famille, même dans les classes populaires, possédaient jadis les notions nécessaires à la conduite des affaires existant alors par le fait de l’exercice d’une profession et par l’enseignement traditionnel. Mais la tradition a été rompue : l’enseignement des écoles et du journal qui l’a remplacée n’est guères fait pour développer le sens des affaires pratiques ; d’autre part, les formes de la vie économique sont devenues beaucoup plus compliquées. Ajoutez à cela la nécessité, pour chacun, de se défendre au milieu de l’agiotage de la Bourse, des émissions de valeurs mobilières, des sollicitations de toute sorte, qui entourent le paysan possesseur de quelques économies comme le jeune homme qui a reçu un patrimoine héréditaire, et vous verrez combien nécessaire est la possession de notions économiques saines.

La répression de l’agiotage et des fraudes financières, fût-elle plus effective qu’elle ne l’est actuellement, ce sera toujours au public à se défendre avant tout lui-même.

Les enseignements de l’économie politique sont encore la meilleure sauvegarde pour les intérêts privés, et ceux qui les discréditent par légèreté font en définitive le jeu des faiseurs d’affaires et des financiers véreux.

Il y a en France et en Angleterre une presse économique