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a compromis une partie de son capital en escomptant de mauvaises valeurs, la faute n’en est pas à sa constitution, mais à la pression que le gouvernement a exercée sur son administration pour soutenir des entreprises auxquelles lui-même avait poussé imprudemment ou faire faire des avances à découvert à certains personnages politiques.

Les quatre autres banques qui jouissent du privilège d’émission des billets en Italie, la Banque d’Angleterre, la Banque de France, la Banque nationale de Belgique, la Reichsbank de Berlin, quoiqu’étant des sociétés par actions, occupent une position si considérable que l’intérêt de leurs actionnaires ne prévaut jamais dans leurs conseils sur l’intérêt public. Les opérations de banque ont passé pour elles au second plan. Leur principale fonction est la garde de la réserve métallique, qui est le support de la circulation fiduciaire. Les Banques associées à New-York ont assumé la même fonction. La Suisse elle-même, faisant sur ce point le sacrifice de l’autonomie cantonale, va créer une banque centrale jouissant du monopole de l’émission sous l’autorité de la Confédération. C’est en s’inspirant du même ordre d’idées que dans les siècles précédents de grandes cités commerciales, Venise, Barcelone, Gênes, Amsterdam, Hambourg, Rotterdam, avaient créé des banques de paiement et de compensation comme un service public. Le contrôle de la réserve monétaire nationale est une tâche très délicate ; car il peut aller à l’encontre des intérêts particuliers de la Haute Banque. Aussi est-il parfois fort difficile, surtout dans les pays où les stocks monétaires sont très réduits. En France, ces difficultés sont peu apparentes ; mais à Londres, la Banque d’Angleterre est constamment gênée dans son action par les opérations en sens contraire des grandes Joint stock banks et des grosses maisons de change, qui escomptent au-dessous du taux de la banque ou font des envois d’or à l’étranger. La Banque est obligée de recourir à des procédés compliqués pour remplir sa fonction[1].

  1. Pour défendre en pareil cas son encaisse, la Banque d’Angleterre place ses consolidés disponibles en reports dans les banques de manière à raréfier l’argent sur le marché libre et à augmenter momentanément sa réserve. Dans la dernière crise (1890-1891), les principales joint stock banks ont senti la nécessité de concerter leur action avec celle de la Banque d’Angleterre. V. the Economist, 6 juin 1891, the proposed banking combination.