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plus grande de leurs bénéfices à commanditer des associations coopératives, à faire des prêts gratuits dans certaines limites aux membres des sociétés de secours mutuels, enfin à lancer une grande société d’assurances mutuelles sur la vie, la Popolare, dont les débuts sont fort heureux[1].

En Allemagne et en Italie, les institutions de crédit populaire ont été soutenues par les fondations de toute sorte qui existent dans ces pays et particulièrement par les caisses d’épargne, qui ont le droit d’employer librement leurs fonds sous certaines règles. Nous avons indiqué ailleurs les grands avantages de cet emploi de l’épargne publique dans des entreprises réellement productives. Il est éminemment propre à soutenir les associations et les institutions de crédit populaires, qui se constituent spontanément dans chaque localité. L’absorption par l’État des fonds de toutes les caisses d’épargne, en France, et des caisses d’épargne postales, dans les autres pays, est directement contraire aux intérêts de la démocratie.

XII. — Les banques populaires italiennes ont trouvé un grand appui dans une institution d’un caractère tout particulier. Il banco di Napoli est l’héritier des anciens monts-de-piété de cette ville. Il possède un capital de fondation considérable et n’a point d’actionnaires à rémunérer. Il est administré par des représentants de tous les grands corps publics exclusivement en vue de l’intérêt général. C’est dans ces conditions uniques au monde qu’il émet des billets de banque, qu’il fait l’escompte, pratique les prêts sur gages et se livre à des opérations de crédit foncier. Les services qu’il rend sont considérables et de nature à contrebalancer la puissance de l’oligarchie qui tend toujours à se créer en matière de banque. Si le Banco di Napoli, dans ces dernières années,

  1. V., sur les banques populaires italiennes, notre étude les Faits économiques et le mouvement social en Italie (Paris 1889, Larose et Forcel). En Italie certaines banques fondées uniquement dans un intérêt privé se décorent du titre de banca popolare pour se concilier la faveur publique. De même aux Etats-Unis des lanceurs d’affaires commencent à prendre les formes propres aux loan and building societies. Il importe que les fédérations placées à la tête de ces sociétés prennent des mesures pour éviter toute solidarité entre les vraies institutions coopératives et des entreprises qui n’en ont que l’apparence et qui pourraient les discréditer.