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et de farmers ; mais elles ont élargi le cadre de leurs opérations et elles permettent à leurs adhérents à la fois de trouver le crédit personnel dont ils peuvent avoir besoin et de faire fructifier leurs épargnes au taux avantageux que les trust companies, les land and mortgage companies procurent aux riches capitalistes.

En Allemagne, les 1.700 associations du système Raiffeisen et les 2.000 Vorschussvereine du système Schultze-Delitsch, qui existaient en 1890[1], constituent une force sociale considérable. Les premières ont un caractère mixte ; le patronage y tient en fait une grande place ; les services qu’elles rendent pour utiles qu’ils soient sont forcément limités quant à leur cercle d’action et quant à leur chiffre pécuniaire et c’est la condition de la sûreté de leur fonctionnement. Les Vorschussvereine sont au contraire de véritables banques : elles font toutes les opérations de crédit à court terme au profit d’une clientèle composée presque exclusivement d’artisans, d’employés, de petits propriétaires, c’est-à-dire des couches inférieures de la bourgeoisie. La fédération des Vorschussvereine a créé une hiérarchie de banques, qui, par le réescompte successif de leur papier, fait arriver les lettres de change des plus modestes artisans jusqu’à la Reichsbank  : exemple frappant de ce que peut faire l’union des intéressés, non pas l’union confondant toutes les situations et relevant de la bienfaisance plus que du self help ; mais l’union hiérarchisée, faisant à chacun le crédit dans la mesure et au taux qu’il mérite et appliquant au bénéfice des situations moyennes les méthodes de la grande banque.

L’Italie, où les difficultés du crédit étaient bien plus grandes qu’en France et qu’en Angleterre, a merveilleusement acclimaté chez elle les institutions allemandes. Ce sont deux Israélites, M. Luzzati et M. Leone Wollemborg, qui, en créant le premier en 1863 les banche popolari, le second en 1883 les casse rurali dei prestiti, ont, comme de bons samaritains,

  1. Cette statistique est très approximative. V. l’excellent ouvrage le Crédit agricole en France et à l’étranger, par Louis Durand (Paris, Rousseau, 1891).