Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/582

Cette page n’a pas encore été corrigée

Le crédit repose sur la confiance ; il est naturel que cette confiance croisse avec la richesse de celui qui y recourt. On ne prête qu’aux riches, dit non sans raison un vieux proverbe. Actuellement, en France, une personne qui possède seulement 5.000 francs en biens fonds obtiendra difficilement et à haut prix une avance de quelques centaines de francs. Le propriétaire de 50.000 fr. de biens au soleil pourra emprunter 25.000 fr. à des conditions passables. Celui qui a une fortune, de 500.000 fr. arrivera à emprunter 400.000 fr. L’homme qui a un million, s’il est dans les affaires, pourra obtenir un crédit de plusieurs millions. Au delà de ce chiffre, la progression s’accentue. Un groupe de financiers, qui disposent de quelques millions in cash, peut attirer l’argent du public, même en restant dans les bornes de la sagesse, jusqu’à concurrence de centaines de millions.

Le taux de l’escompte commercial pour le papier des artisans et des petits commerçants varie suivant la cote de leur solvabilité ; aussi, même dans des pays où les capitaux sont très abondants, comme en Angleterre, ils paient fort cher l’argent, tandis que les grands commerçants et banquiers font escompter leur papier de 1 1/2 à 2 1/2 pour 100 en moyenne.

Voilà assurément une cause d’aggravation de l’inégalité des conditions, d’autant plus sensible que les affaires se développent davantage sur la base du crédit (chap. ii, § 7).

De nombreuses institutions de crédit populaire ont cherché à rétablir l’équilibre dans une certaine mesure et elles ne sont qu’à leur début. Leurs formes sont diverses selon les pays ; mais leur devise à toutes pourrait être viribus unitis. Elles trouvent dans l’union, au besoin dans la solidarité de gens ayant seulement à offrir comme gage leur honorabilité, le crédit que leur fortune assure aux riches.

Aux États-Unis, les loan and building societies, ainsi que l’indique leur nom, ont eu d’abord en vue le même but que les building societies anglaises et elles ont contribué à rendre propriétaires de leur home un grand nombre d’artisans