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Dans le monde agricole l’union des producteurs, pour des buts spéciaux et limités, nous venons de le voir à propos des fruitières, donne des résultats sérieux. Les syndicats pourraient provoquer la création de sociétés particulières pour soumissionner les fournitures de l’armée et des établissements publics, tels que hospices, lycées, prisons. Le devoir du gouvernement est de rendre dans ses adjudications la concurrence possible entre ces unions de producteurs et les puissantes sociétés de capitalistes, qui, comme la Graineterie française, en ont le monopole de fait dans certaines régions. Il doit pour cela fractionner les lots et déterminer les types de livraison de manière à ne pas exclure la production locale.

Les assurances mutuelles contre l’incendie et sur la vie semblent avec le temps devoir éliminer en partie les compagnies à primes fixes. Pour l’incendie, l’évolution se fait peu à peu en France. Pour la vie, elle est très avancée en Angleterre et aux États-Unis. La publication des bilans des grandes sociétés d’assurances et la constatation des gains qu’elles font doivent ouvrir les yeux aux intéressés et leur montrer les profits qu’ils peuvent réaliser par leur union. Les compagnies à primes fixes présentent des avantages spéciaux dans certaines conditions, ne fût-ce que quand il s’agit d’assurer à autrui le bénéfice d’un contrat ou d’un testament. Il y aura donc toujours place pour quelques compagnies de premier ordre. Elles le méritent d’autant plus que ces grandes compagnies, dont le public ignorant envie les gains, ont eu le mérite de faire connaître l’assurance, de vaincre des préjugés grossiers, — en 1862, M. Dupin, procureur général à la Cour de cassation, disait encore que l’assurance sur la vie était une pratique immorale, — enfin de créer les méthodes, de construire les tables de mortalité qui permettront plus tard aux mutualités d’opérer avec sûreté.

Les sociétés mutuelles de crédit et les banques populaires nous ramènent directement au sujet traité dans cet ouvrage ; car c’est en matière de crédit que l’inégalité des conditions se fait peut-être sentir le plus durement. [fin page560-561]