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locales font de la propagande pour le placement de leurs produits. Les sociétés coopératives de consommation fondées par l’Ordre, qui, à la même date, étaient au nombre de 52, doivent s’approvisionner dans ces sociétés de production.

C’est en assurant un débouché régulier aux produits de leurs sociétés de production que les Chevaliers du travail les mettront dans des conditions de réussite supérieures à celles des entreprises ordinaires. S’ils réalisent pratiquement leurs projets de solidarisation avec l’Alliance des farmers, une force considérable sera créée et ces sociétés coopératives pourront prendre un véritable essor. Cependant, elles resteront toujours exposées à des chances d’insuccès provenant d’une mauvaise direction. Cela s’est déjà produit pour quelques-unes et montre l’impossibilité de remplacer d’une manière générale les entreprises privées.

Un autre type fort intéressant de sociétés de production ce sont les società dei braccianti, qui se sont formées en Italie pour l’exécution des travaux publics de terrassement[1]. Les faveurs administratives nous paraissent très justifiées en ce cas. Ces sociétés sont d’autant plus intéressantes qu’elles n’exigent presque pas de capital et qu’elles peuvent être commanditées à peu de frais par les communes ou les provinces qui les emploient, simplement par des paiements échelonnés à échéances rapprochées.

En voyant se former partout dans les grands services publics, comme les chemins de fer, des syndicats d’employés, on se demande si quelque jour ils ne pourront pas se charger à forfait de certains services peu compliqués, et remplir subordonnément à l’entreprise générale le rôle que remplissent si bien pour des travaux analogues les nations d’Anvers et les artèles russes.

  1. Le Saggio statistico sulle associazioni cooperative in Italia, publié en 1890, par la Statistique générale du royaume, indique 49 società dei braccianti auxquelles il faut ajouter 42 società dei muratori, qui sont organisées sur le même type. On peut citer comme très remarquable la società dei braccianti de Ravenne, constituée en 1881, et qui comprenait, au 31 décembre 1889, 2.127 membres. Grâce à l’excellente constitution des banques populaires, des caisses d’épargne et des banques d’émission qui caractérise l’Italie, cette intéressante société a trouvé des ressources de crédit considérables.