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Allemagne, enfin exempter de droits fiscaux les sociétés coopératives et les associations ouvrières, leur donner au besoin des facilités pour les travaux publics qu’elles pourraient soumissionner. Même des subventions aux sociétés de secours mutuels, qui constituent des pensions de retraite à leurs membres, se justifient, si elles restent dans une mesure raisonnable.

X. — L’expérience de tous les temps démontre que les familles de condition inférieure sont plus exposées que les autres aux vicissitudes économiques et qu’elles se maintiennent d’autant mieux qu’elles trouvent un point d’appui dans des patrimoines collectifs, biens communaux, propriétés corporatives, fondations. Si la circulation des biens a des avantages, encore faut-il qu’il y ait dans la société des assises fixes, des rivages contre lesquels la vague des spéculations et des grands mouvements financiers vienne se briser.

Le développement de la petite propriété rurale et urbaine est un intérêt social de premier ordre. Presque tous les gouvernements européens s’en préoccupent. La Russie vient d’édicter des lois pour protéger les petites propriétés rurales contre la vente inconsidérée[1]. L’Allemagne cherche à multiplier dans ses landes les rentenguter. La Suède va donner le droit à tout cultivateur de s’établir sur les terres vagues appartenant aux communes. L’Italie veut coloniser la Sardaigne par la petite propriété. La Belgique met en œuvre son admirable loi du 9 août 1889 sur les habitations ouvrières, et, avec l’aide des comités de patronage, elle multiplie les habitations urbaines possédées par les ouvriers. La Caisse générale d’épargne emploie une partie de ses fonds à faire les avances nécessaires à leur construction et à en rendre dès le premier jour la propriété stable par l’adjonction d’une assurance qui, en cas de décès prématuré, couvre les annuités restant dues. Enfin l’Angleterre, sentant la nécessité de réparer les injustices du passé, qui ont été peut-être plus grandes chez elle

  1. V. dans Russische Revue de 1891. p, 367, l’article de M. Von Keussler : Schutz des Bauerlandes.