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qui ne l’a jamais été : ce que je regrette, car je serais millionnaire[1]. » La prépondérance qu’ont prise les Juifs de notre temps tient donc avant tout aux défaillances des chrétiens et à l’abandon des principes sur lesquels doit reposer la constitution des nations.

Il est à remarquer que, même financièrement parlant, les Juifs sont d’autant moins malfaisants que la société est plus chrétienne et que l’état économique est plus sain. Ainsi, en Angleterre, où les Israélites sont très nombreux et occupent au Parlement, au barreau, dans la presse, une position égale à celle qu’ils ont dans les affaires, aucune plainte ne s’élève contre eux. Il en est de même aux États-Unis[2]. Nulle part assurément les représentants autorisés du catholicisme ne s’associent au mouvement antisémitique[3] ; néanmoins on ne saurait exiger des évêques français qu’ils donnent aux Israélites les témoignages de sympathie que le cardinal Manning leur prodiguait en toute occasion et auxquels le cardinal Gibbons a tenu à s’associer.

VI. — L’exemple de l’Angleterre nous montre que le premier facteur pour une moralisation relative des affaires est une constitution politique saine et stable. Un gouvernement vraiment national, qui ne gaspille pas les ressources publiques, n’est pas dans la dépendance des financiers, si puissants qu’ils soient. Ce que nous disons de l’Angleterre, on peut le dire aussi de la Belgique. Lorsque, par extraordinaire, l’un ou l’autre de ces États doit recourir au crédit, les maisons de banque se disputent à qui lui rendra service au moindre coût. [fin page546-547]

  1. Lettre de M. Valentin Simond dans les notes rectificatives de la France juive.
  2. V. dans le Correspondant du 25 novembre 1891 notre article sur le développement de la race juive aux Etats-Unis.
  3. Un de nos prélats les plus autorisés, Mgr Gay, a écrit, en 1887, ces paroles remarquables : « A cause de l’élection dont Dieu a honoré les fils d’Abraham et de tout le passé de ce peuple, qui est notre ancêtre spirituel, étant d’abord selon la chair celui de Jésus et de Marie, à cause aussi de cette infaillible prophétie, qui nous le montre rentrant un jour dans notre Eglise et ne formant avec nous qu’une même société, nous n’estimons pas que, malgré des griefs trop fondés et accumulés depuis plusieurs siècles, un chrétien ait le droit de parler des Juifs en général sans ménagement et sans respect. »