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caractère, à le présenter comme un mouvement social dirigé contre ce qu’ils appellent le capitalisme. Les chrétiens, qui se laissent prendre à cette tactique, ont d’autant plus tort qu’ils méconnaissent en cela le côté essentiellement religieux de la question juive. Elle dépasse de beaucoup en amplitude le débat économique auquel les antisémites veulent la réduire, et elle est une des manifestations de la rivalité, prédite par les Écritures, qui doit jusqu’à la fin des temps régner entre les descendants d’Abraham et les descendants des Gentils[1]. La puissance financière acquise par les Israélites contemporains n’est qu’un des épisodes de cette lutte[2]. A notre sens, la grande place prise par eux dans la presse, la littérature et l’enseignement public est encore plus dangereuse pour la civilisation chrétienne. Les Juifs enserrent en réalité notre société par les deux extrémités : au sommet par les puissants barons de la Finance dont les faits et gestes rendent le capital odieux ; en bas par ce prolétariat universitaire qui a donné dans Lasalle et Karl Marx ses docteurs au socialisme et où se recrute incessamment le nihilisme russe. Nous l’avons montré, c’est précisément à cause de leur religion que les financiers juifs ne se fondent pas dans la masse de la population et que les actions médicatrices de l’ordre économique ne font pas sentir leur action sur eux et leur fortune. Jadis non seulement le droit public reconnaissait le fait de leur persistance à l’état de nationalité distincte ; mais la force de la société chrétienne était assez grande pour que les éléments les meilleurs parmi les Israélites fussent graduellement absorbés par elle. Aujourd’hui, les conversions sont beaucoup plus rares que par le passé. Il y a en effet plutôt intérêt à rester Juif. Un journaliste, classé à tort par Drumont parmi les Israélites, a dit le mot de la situation : « Je ne suis pas Juif et j’appartiens à une famille

  1. Voy. dans cet ordre d’idées la Mission des Juifs et les deux chars évangéliques, par l’abbé Goudet (Paris, Delhomme et Briguet, 1890).
  2. La grandeur financière de la race juive semble avoir été prédite dans la prophétie de Moïse : « Fœnerabis gentibus multis et ipse a nullo fœnus accipies. » Deutéronome, XXVIII, 12.