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Unis représentent un capital de 9 milliards de dollars, qui a été d’abord émis à New-York. Mais à cette époque Wall-Street ne jouait encore qu’un rôle d’intermédiaire entre les États-Unis et l’Europe, particulièrement l’Angleterre[1]. Les chemins de fer n’ont pu être construits qu’avec l’aide des capitaux européens ; récemment un grand nombre d’affaires industrielles, brasseries, minoteries et autres, ont été amalgamées en grandes sociétés par des capitalistes anglais. Ces valeurs sont cotées à New-York ; mais la majorité des titres est en Angleterre. C’est là aussi que l’on cherche à écouler les emprunts émis par les municipalités et les États particuliers. Toutefois New-York est graduellement devenu un centre de formation de capitaux et une place où l’or peut s’accumuler. Le taux de l’argent pour les reports et l’escompte à court terme y est actuellement presque aussi bas que sur les grands marchés européens[2]. A la fin de 1891 et pendant les premiers mois de 1892, New-York a pu racheter des quantités énormes d’actions et d’obligations de chemins de fer et fournir une contrepartie aux ventes que les banquiers de Londres ont fait pour alléger leur situation. C’est New-York aussi qui a fourni à l’Autriche presque complètement l’approvisionnement d’or dont elle a besoin pour sortir du papier-monnaie[3]. Assurément, New-York n’est pas encore un marché comparable à Londres ou à Paris, et la preuve en est dans le fait qu’aucune valeur étrangère n’y est cotée, si ce n’est les actions des chemins de fer mexicains, qui sont des entreprises américaines organisées avec des capitaux anglais. Mais, avec le temps, il deviendra leur égal.

La multiplication des grands marchés financiers est une chose heureuse[4] : ils peuvent se secourir mutuellement

  1. V. the Banks of New-York, par J.-S. Gibbons, chap. xviii, et the Stock Exchanges of London, Paris and New-York, par Gibson, chap. ix.
  2. V. the Economist, 27 février 1892 : the international level of money.
  3. V. the Economist, 5 mars 1892, et le Correspondant du 25 janvier 1892.
  4. V. Arthur Crump, the Theory of speculation, pp. 76-77, 81. A cause de la différence du temps, la cote du Stock Exchange, à Londres, à deux heures de l’après-midi, est reçue à New-York à dix heures du matin, avant l’ouverture des opérations dans Wall-Street.