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quelques-uns de ces placements furent désastreux, beaucoup procurèrent des plus-values importantes aux capitalistes français. Le décret du 22 mai 1858 régla les conditions de l’admission à la cote des titres des chemins de fer étrangers. Les désastres de 1870 arrêtèrent pour une huitaine d’années cette marche ascendante du marché de Paris et les transactions relatives au payement de l’indemnité de guerre accrurent la prépondérance de Londres[1]. Mais le marché parisien se releva à partir de 1878. La Banque de France reprit alors ses paiements en espèces et elle a constitué le plus important réservoir d’or qui existe au monde actuellement.

Toutefois, Paris n’égale pas Londres pour l’importance des transactions financières. On cotait à Londres, en 1890, 2.482 valeurs, à Paris seulement 820.

La proportion est la même entre le chiffre annuel des émissions que certains statisticiens relèvent. Paris est surtout très inférieur à Londres comme place de liquidation pour les engagements internationaux. Londres, grâce à son système monétaire basé sur l’étalon d’or et à la grandeur du commerce britannique, a concentré le marché des métaux précieux, et presque tout le marché du change entre l’Europe d’une part, l’Extrême-Orient et l’Amérique du Nord de l’autre. On n’a qu’à jeter un coup d’œil sur les tableaux annuels de la direction des douanes pour voir que la France ne peut régler ses achats aux États-Unis, en Inde et en Chine que par l’intermédiaire de l’Angleterre. Il en est de même des autres pays de l’Europe. Des gouvernements étrangers, comme l’Allemagne et la Russie, ont constamment des dépôts considérables dans les banques de Londres pour assurer leurs opérations de Trésorerie.

Après les événements de 1870, le marché de Berlin, qui était très inférieur à celui de Francfort, a absorbé la plupart des éléments financiers de l’Allemagne et réduit la vieille capitale de la Banque à un rôle secondaire. Il est devenu un

  1. V. W. Bagehot, Lombard Street (trad. franc.), pp. 31-33, 138.