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En Allemagne, en 1890, on comptait trente-deux banques de crédit ou de spéculation. Les principales sont la Disconto-Gesellschaft, la Handelsgesellschaft, la Darmestetter Bank, la Deutsche Bank, la Dresdner Bank, la National Bank, auxquelles il faut ajouter l’antique Seehandlunggesellschaft. Ce sont ces banques qui ont fait la campagne de hausse de 1889 sur les valeurs houillères et sidérurgiques.

X. — Il est intéressant d’observer le développement des marchés financiers dans le cours du siècle et les changements qui se sont opérés dans leur puissance relative.

Après 1815, Londres, Amsterdam et Francfort étaient les trois grandes places qui dominaient l’Europe. Londres prit bientôt la tête. Paris était réduit à rien. Sous la Restauration et le gouvernement de Juillet, grâce à la puissance d’épargne de la nation, à la mise en valeur de ses ressources industrielles, aux nombreux étrangers qu’attirent chaque année sa capitale, ses stations hivernales et balnéaires, la France ramena la plus grande partie de sa dette entre les mains de ses citoyens ; elle fut en état de souscrire elle-même ses nouveaux emprunts et enfin elle put commencer à placer des capitaux dans les entreprises et les emprunts étrangers. Une ordonnance du 12 novembre 1823 avait déjà admis à la cote les fonds d’État étrangers. Néanmoins, en 1830, on ne cotait à la Bourse que deux fonds napolitains et l’emprunt espagnol de 1823. En 1848, deux emprunts belges et un emprunt romain s’ajoutaient seuls à cette liste si courte. C’est par le marché en banque que les capitalistes français faisaient alors quelques placements à l’étranger[1].

Il était réservé au second Empire de donner à la Bourse de Paris tout son essor et de la voir rivaliser avec Londres. Concurremment avec la Haute Banque, les nouvelles sociétés de crédit placèrent des fonds étrangers considérables, et, si

  1. M. A. Courtois, Tableau des cours des principales valeurs, ajoute à cette énumération, en 1830, l’emprunt d’Haïti, les consolidés anglais, les 5 p. 100 métalliques autrichiens, et en 1848 un fonds grec, un fonds de l’Etat d’Ohio, des fonds Portugais, Sardes et Toscans ; mais, ainsi qu’il le dit, il a ajouté à la cote officielle les cours indiqués dans diverses publications périodiques.