Page:Jannet - Le capital, la spéculation et la finance au XIXe siècle, 1892.djvu/540

Cette page n’a pas encore été corrigée

grands avantages qui sont une lourde charge pour l’affaire.

Tout dépend pour ces sociétés de la réussite de leurs émissions. Elles sont forcées de servir de gros dividendes à leurs actionnaires à date fixe, sous peine de voir leurs actions baisser et leur crédit diminuer. Elles sont condamnées, peut-on dire, à de grands succès. Quand elles manquent une émission, elles gardent dans leurs caisses et font figurer à leurs inventaires des paquets de titres dont elles soutiennent le cours à la Bourse par un courant d’achats réguliers, ce qui augmente la grosseur des paquets.

Ces sociétés jouent un rôle utile parallèlement à la Haute Banque, et, en activant la circulation des capitaux, elles ont contribué à abaisser le coût du crédit ; mais dans leur propre intérêt on doit leur souhaiter des dividendes modérés et des cours moins élevés.

Elles ne sont point particulières à la France. Les mêmes causes ont amené la formation de sociétés semblables dans les autres pays. Il y a trente ans, W. Bagehot expliquait comment les conditions économiques modernes rendaient nécessaires de nouvelles méthodes en fait de banque[1]. C’est pour cela qu’en Angleterre, à côté des anciennes maisons en nom collectif se sont d’abord élevées les Joint stock banks, fondées pour la plupart de 1834 à 1855, et les banques par actions (limited), créées depuis l’act de 1862. Elles se substituent de plus en plus aux banques particulières (chap. v, § 5). Dans le royaume uni de la Grande-Bretagne, an 1877 le nombre des Joint stock banks était de 104. En 1890, il était de 115. Plusieurs banques anciennes avaient fusionné ; mais de nombreuses banques particulières se sont transformées en Joint stock banks. Leur capital souscrit était de 254.875.000 livres, sur lesquelles 73.004.000 liv. étaient payées.

Parmi ces Joint stock banks il s’est établi une sorte de hiérarchie et il en est huit (Alliance, Central, City, London-

  1. V. Lombard-Street, chap. ix et x. Cpr. the Economist, 20 et 27 juin 1891 : the increasing absorption of the private banks.