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En résumé, on peut affirmer, avec M. de Foville, qu’en France la majeure partie de la fortune mobilière appartient à de fort petites gens.

Sans doute, il y a dans ces chiffres beaucoup de doubles et de triples emplois, la même personne possédant une inscription de rente, des obligations et un livret de caisse d’épargne. Beaucoup de petits propriétaires ruraux ont aujourd’hui quelques obligations. Mais, on ne saurait le méconnaître, le mouvement économique général, et particulièrement les caisses d’épargne, la représentation des parts de propriété ou de créance dans les grandes entreprises par des actions et des obligations d’un chiffre peu élevé, ont facilité beaucoup la formation des épargnes et la constitution de ce que nous pourrions appeler des embryons de patrimoines[1].

X. — Des études statistiques faites par M. Soetbeer sur le mouvement de la richesse publique en Prusse et en Saxe, de 1876 à 1890, nous montrent des phénomènes analogues avec certaines nuances résultant de la situation économique de ces pays. En Prusse, dans cette période, le montant total des revenus a passé de 7.857.100.000 marcs à 9.366.100.000 marcs. L’accroissement s’est fait surtout sentir pour les revenus supérieurs à 2.000 marcs. Ceux de 2.000 marcs à 6.000 ont augmenté de 28 pour 100 comme nombre et de 30 p. 100 comme chiffre total ; ceux de 6.001 à 20.000 marcs de 57 pour 100 comme nombre et de 66 p. 100 comme valeur ; ceux de 20.000 marcs à 100.000 marcs de 66 p. 100 comme montant et valeur ; ceux au delà de 100.000 marcs ont doublé comme nombre et aussi comme valeur, peu s’en faut[2]. Quant à la classe ayant un revenu entre 420 et 1.650 marcs qui a passé de 16.840.444 personnes à 18.562.145 dans cette

  1. Même en Italie, malgré une triste situation financière, la richesse générale s’accroît régulièrement d’après M. L. Bodio, Di alcuni indici misuratori del movimento economico in Italia (Roma, 1891, 2e édit.), pp. 118 et suiv.
  2. Pour la Saxe, où les constatations statistiques sont plus rigoureuses, on arrive au même résultat, ce qui donne un grand degré de vraisemblance aux évaluations de M. Soetbeer. Son travail a été reproduit en partie dans le Bulletin du ministère des Finances, 1891, t. I, pp. 563 et suiv.